Ces dernières années, le numérique responsable a connu un essor formidable. Depuis quelques temps, on constate des pics d’activité. C’était par exemple le cas en octobre 2021 avec, coup sur coup :

Je vous invite d’ailleurs, si ce n’est pas déjà fait, à en prendre connaissance. J’ai eu la chance de prendre part à ces trois projets et ils témoignent bien de la volonté des experts du sujet à travailler ensemble.

De la lecture, des outils et de beaux projets qui se mettent en place

En avril 2022, l’actualité est très chargée aussi mais plutôt tournée cette fois vers l’international.

Publications, traductions et mise à jour d’outils

On commence avec l’arrivée de la norme AFNOR SPEC 2201 sur l’écoconception des services numériques. En plus de poser les bases du sujet, ce document propose des bonnes pratiques sous forme de fiches, avec à chaque fois des éléments de contexte, un périmètre, des objectifs/impacts ainsi que des éléments de contrôles et indicateurs. Il s’agit donc d’une bonne base pour entamer une démarche d’écoconception. A noter aussi la présence d’un état des lieux du sujet, aussi bien côté normes que référentiels.
A l’occasion de l’Earth Day 2022, grosse mise à jour à signaler du côté d’outils anglophones d’estimation des impacts environnementaux de sites web. Plusieurs acteurs majeurs (Green Web Foundation, Mightybytes, Wholegrain Digital, EcoPing et Medina Works) ont joint leurs efforts pour établir un nouveau modèle environnemental commun. Tous les détails dans l’article dédié. Il en résulte la mise à jour quasiment simultanée de leurs outils, à savoir Ecograder (qui embarque désormais la vérification de plusieurs bonnes pratiques), Ecoping et Website carbon calculator via la nouvelle version de CO2.js.
A la demande de la Green Web Foundation, une étude intitulée “Towards a Fossil-Free Internet: The Fog of Enactment” par Gauthier Roussilhe a été publiée. Il y souligne les risques liés à l’essor actuel de l’écoconception de service numérique, les difficultés à mesurer aujourd’hui encore l’empreinte environnementale du numérique ainsi que les limites des déclarations de neutralité carbone.
A noter aussi l’arrivée de la version anglaise du MOOC sur les Impacts environnementaux du numérique évoqué plus haut.

Lancement de nouveaux projets

Le Web Almanac est un projet qui, depuis 2019, s’appuie sur les stats issues de HTTP Archive pour donner un état du web dans différents domaines (Perfomance, JS, CSS, etc). En 2020, j’avais eu l’occasion de participer modestement en tant que relecteur du chapitre Privacy.
Cette année, les organisateurs ont accepté de me confier un chapitre sur la Sustainability. L’équipe est en train de se mettre en place, vous avez jusqu’au 1er mai pour nous rejoindre si vous souhaitez y prendre part. Le chapitre sera à rendre pour le 1er septembre et on trouve déjà du beau monde dans l’équipe (entre autres Gerry McGovern, Tim Frick, Fershad Irani et Chris Adams). Ca se passe sur Github pour rejoindre l’aventure!
Ca bouge aussi du côté du W3C avec le lancement d’un groupe de travail autour du sujet. C’est l’occasion idéale pour poser ensemble les bases qui permettront d’aborder la sobriété numérique sur le web. J’espère que ceci permettra de donner le jour à un équivalent des WCAG. Il suffit d’ajouter un commentaire sur la page pour y prendre part.

Conclusion

Alors que les enjeux climatiques se font de plus en plus pressants, les efforts autour de la sobriété numérique sont de nombreux et tendent à se construire collectivement. Cette dynamique est très stimulante et le rapport de Gauthier Roussilhe souligne quelques points de vigilance essentiels. Plutôt que des freins, ce sont des points qui aident à structurer les différentes réflexions en cours.